Gérard Gourrat et ses élèves ont filmé l’ascension de leur ballon sonde à 30 km d’altitude.
Au collège de Lasseube, les élèves de Gérard Gourrat ont de la chance.
Ce prof de physique chimie a la tête dans les étoiles et prêche pour développer les expérimentations aux côtés des ados. Juste avant de partir en vacances, le groupe qu’il a formé autour de lui s’est offert un voyage de luxe à la frontière de l’espace. En lien, s’il vous plaît, avec le CNES, le centre spatial français.
Leur ballon-sonde a décollé au milieu de la cour de l’établissement. Le vol d’une durée de 2 h 30 a conduit l’engin (d’une quinzaine de mètres de longueur) quelque part dans la stratosphère, à 30 kilomètres d’altitude. Mieux : tout le parcours a été filmé. Les images sont magnifiques. On y découvre l’agglo de Pau vue du ciel, les sommets enneigés de la chaîne des Pyrénées et le noir profond de l’univers… « On ne peut pas diriger la nacelle mais elle pivote en permanence sur elle-même. C’est comme ça qu’on ramène de bonnes images. Et cette dernière tentative est celle qui a donné le plus beau résultat. »
l’antarctique aussi
Au fil de sa carrière, Gérard Gourrat et ses élèves ont aussi lâché des bouées expérimentales en mer. Une aux Seychelles en 2006. Une autre en 2009 aux Îles Kerguelen avec la fondation Pau-Émile-Victor. Il a aussi procédé au lancement d’une centaine de fusées, comme la semaine dernière, au stade de Lasseube. Un dernier rendez-vous. Gérard Gourrat ne reprendra plus le chemin du collège. C’est la retraite. On en connaît qui vont le regretter. Mais en tant que président du centre social du La Haüt d’Oloron, nul doute qu’il continuera, d’une autre manière, ce qu’il a engagé.
Gérard Gourrat n’en est pas à son coup d’essai. C’est, en effet, la quatrième fois depuis 2002 qu’il entreprend de tutoyer le ciel et d’embarquer ainsi les collégiens. En 2008, il avait perdu la nacelle et n’avait jamais récupéré la caméra.
Cette fois, aidé par le progrès technologique, il lui a suffi de lire les coordonnées du traceur GPS pour ramasser sa pépite au cœur d’un champ de maïs près de Vic-en-Bigorre. « Pour récupérer le matériel, c’est toujours un peu de chance bien sûr. Mais les vents portent en général du bon côté », glisse ce fan de sciences. « L’espace est un sujet qui me titille », dit-il.
La science du plaisir
Ses élèves de quatrième ont vécu en direct, sur l’écran géant de leur salle de contrôle, les différentes étapes de l’aventure. Presque comme à Cap Canaveral ! « Le ballon a été gonflé à l’hélium et faisait environ deux mètres d’envergure. Nous avons stocké tout un tas de données au fur et à mesure de l’ascension. Comme la pression, l’altitude ou la température. À 11 kilomètres il fait -52 °C. Quand le ballon finit par éclater, on est à -20 °C », raconte Gérard Gourrat, qui avait étalonné l’ensemble des capteurs avec l’aide des enfants.
Le ballon est fourni par le CNES. Avec 5 m³ d’hélium, il peut soulever une masse de 3 kilos. Il faut comprendre que plus le ballon monte et plus il se dilate. Juste avant son éclatement, il atteint 12 mètres de diamètre !
Gérard Gourrat lance ses expériences en lien avec Bruno Roubinet, de l’association Lacq Odyssée. « Nous avons créé un atelier d’études scientifiques, validé par le rectorat. Les élèves volontaires s’y inscrivent. L’objectif est simplement de promouvoir les sciences. » Le plaisir en prime. Chapeau !