Batteries à charge instantanée … utopie ou réalité ?
Tout le monde rêve de l’accu à recharge instantanée : passer à une station de recharge comme on prend de l’essence à la pompe. Certains le promettent pour bientôt, comme le chinois Huawei qui a mis au point des accumulateurs à charge dix fois plus rapides que les modèles d’usage courant. Ils ont fait leur démonstration pratique avec deux accus au lithium, d’une capacité l’un de 600 mAh, l’autre de 3 000 mAh, ce qui est déjà plus conforme aux réalités. Le plus léger atteint 68 % de sa capacité en deux minutes, il en faut cinq au plus gros pour atteindre les 48 %, ce qui vous permet d’utiliser votre téléphone pendant dix heures. Serait-ce le début d’une percée ?
Voyez le bloc blanc ci-dessus, c’est le chargeur. Pour atteindre 48 % en 5 mn, il faut un débit de 1 440 mAh, soit un courant de 17 A, ce qui porte à quelque 70 W la puissance de charge pour un élément au lithium. Oubliez donc votre mignon petit chargeur de poche sous 5 V. Pour obtenir la puissance requise, il va falloir traîner un sacré boulet. Sans parler du goulot d’étranglement de la fiche micro-USB, car ce n’est pas par là que vous ferez passer des courants d’une telle intensité. Pour la charger, il faudra donc extraire la batterie du téléphone…
Pour les autos, même topo. L’énergie de la batterie du modèle S de Tesla est de 60 kWh. Pour atteindre la moitié de la charge en 20 minutes, le chargeur développe quelque 90 kW. C’est certes envisageable pour de grosses stations de charge – on en trouve dans le programme de Tesla – mais pas pour un chargeur individuel. Si dans le quartier plusieurs chargeurs de ce genre sont mis en service en même temps, c’est le réseau électrique tout entier qui disjonctera. D’ailleurs, avec une tension de l’ordre de 400 V, le courant de charge de l’accu est de 225 A : vous voyez d’ici la section des câbles et le gabarit du connecteurs ? Continuons de rêver.
Thomas | Elektor