CE SAMEDI MATIN*, les visages sont fatigués. Bertrand Turcq, Enzo Sacchi, Heidi Macherel, les jumelles Valentine et Caroline Marion, Guillaume Denet, âgés de 16 et 17 ans, n’ont pas fermé l’œil de la nuit. Mais les six membres du club scientifique du lycée Cuvier sont souriants, contents.

Leur projet, sur lequel ils planchent depuis le début de l’année, a porté ses fruits. Dans la nuit de samedi à dimanche, ils ont lâché un ballon stratosphérique, porté par une nacelle, qui s’est élevé à 30.000 m d’altitude avant d’éclater. « C’est une bonne moyenne. En 2011, lors d’une première expérience, le ballon avait atteint 29.500 m et 31.600 en 2012 », souligne Bernard Lachambre, ancien professeur-retraité de sciences-physiques et animateur du club.
« Il ressemblait à une grosse étoile »
Au départ, les adolescents avaient prévu de planter les tentes sur les pelouses du « Viette » : « Mais comme on devait se lever à 2 h pour effectuer les derniers réglages, on ne s’est pas couché », note Valentine. Le « lâcher » nocturne a eu lieu à 3 h 40 avec – seulement – une dizaine de minutes de retard. Pourquoi un horaire si tardif ? Réponse de Bernard Lachambre : « L’heure a été calculée de façon à pouvoir observer le lever du soleil quand le ballon atteint 25.000 m d’altitude, ce sont des conditions idéales pour mesurer les propriétés filtrantes de l’atmosphère ». Caroline ajoute : « Toute la nuit, on l’a observé. Il n’y avait pas d’air, il restait au-dessus de nous. Il ressemblait à une grosse étoile. À 5 h 21, on l’a vu éclater dans le ciel. » Grâce à une association de radioamateurs, la nacelle a été repérée à Joncherey (90) à 6 h 11. « On s’est retrouvé dans un champ de maïs, il y avait des tiges de 2 mètres de haut. On a pensé que ça allait être difficile de la retrouver. Mais, heureusement, elle s’était posée dans un champ de blé juste à côté », indique Heidi.
Mesures d’ultraviolets et d’infrarouges
L’intérêt de l’expérience est que la nacelle en polystyrène était équipée, outre d’un GPS, de nombreux capteurs de mesures (rayonnements ultraviolets, infrarouges, humidité et température) que les six élèves devront analyser. « On a installé un hypsomètre, un instrument qui consiste à calculer la pression atmosphérique en faisant bouillir un gramme d’eau et en mesurant la température d’ébullition », explique l’une des lycéennes. Expérience à moitié concluante : « L’eau a frémi », sourit Corinne Pouderoux, professeur de sciences physiques qui a suivi les travaux des élèves (avec sa collègue, Emmanuelle Marion). La nacelle était aussi dotée de deux appareils-photos qui se déclenchaient toutes les 30 secondes. Les clichés permettront aux élèves d’évaluer la pollution lumineuse.
Ce projet qui s’inscrivait dans le cadre de l’année internationale de la lumière, sera présenté aux Olympiades de physique interacadémiques, qui se dérouleront en novembre. Un concours où ces petits génies espèrent bien faire la différence.
A.L
* NDLR: samedi 4 juillet