Dans la PQR: VOSGES MATIN Les oreilles vosgiennes de Philae
Céline Loisel, vosgienne d’origine, était en charge de la liaison radio entre le robot Philae et la sonde Rosetta.
source vosges matin d’hier 9 décembre – Sur la photo: Céline Loisel, devant la maquette de Philae. Le robot doit reprendre contact prochainement avec la terre. Photo DR.
LE PETIT ROBOT Philae (100 kg tout de même) est arrivé sur la comète Tchouri (Churyumov-Gerasimenko de son vrai nom) le 12 novembre dernier. Il a parcouru 510 millions de kilomètres depuis son lancement en 2004. 2004, c’est aussi l’année où Céline Loisel, originaire de Bonvillet, près de Darney (Vosges) est entrée au CNES, le Centre National d’Etudes Spatiales de Toulouse, l’un des berceaux de Philae né de l’Agence Spatiale Européenne. Un clin d’œil du destin pour celle qui sera parmi les premières personnes à établir le contact avec le robot une fois son décrochage de la sonde Rosetta. Céline Loisel était, avec son binôme, en charge de la liaison radio entre Philae et la sonde. En langage scientifique on dit : « Chargée du lien RF entre le lander et l’orbite ». « J’avoue, c’est un peu technique, sourit la jeune femme au téléphone. RF c’est radio-fréquences. Pour Philae c’est presque la même bande de fréquences que celle des téléphones portables soit 2 GHz. ».
Pour l’instant, c’est silence radio parce que Philae manque d’énergie mais on n’est pas angoissés, on sait qu’on aura bientôt de ses nouvelles.
Ce 12 novembre, à Cologne, après dix ans de voyage, Philae se pose sur Tchouri. « C’est nous qui avons appris que le robot avait rebondi. A partir de ces informations, chaque sous-système obtient les données qui le concernent ». Maman de deux enfants, Céline Loisel, 35 ans, a fait ses études aux lycées Lapicque d’Épinal et Poincaré de Nancy. L’espace, ce monde « magique et mystérieux », elle y est venue au fur et à mesure de son cursus d’ingénieur. « J’ai eu l’opportunité de faire ma dernière année d’étude à Toulouse dans les télécommunications spatiales, je n’ai pas hésité. » Après son bac +5 et quelques semaines de vacances, fraîchement diplômée, elle était engagée au CNES. Fila n’est pas le premier projet sur lequel travaille Céline Loisel mais c’est certainement le plus médiatique. L’aecometissage du robot a en effet eu un succès retentissant à travers l’Europe. Une épopée suivie en direct sur les réseaux sociaux (389.000 abonnés sur Twitter au 5 décembre sur le compte officiel @philae2014), qui a scotché des millions de gens derrière leurs écrans comme à l’époque du premier pas sur la lune. Un succès populaire et une belle récompense pour la centaine de personnes qui ont planché sur Philae depuis au moins 15 ans.
« On est très contents, d’autant que le robot nous a déjà envoyé plein d’informations. Pour l’instant, c’est silence radio parce qu’il manque d’énergie mais on n’est pas angoissés, on sait qu’on aura bientôt de ses nouvelles. La mission est déjà réussie, tout ce qui arrivera ensuite sera du bonus. » Ce métier, Céline le partage avec son mari Charles, qui garde lui un œil et une oreille sur le robot Curiosity posé sur… Mars. Sympa, les conversations le soir à table ? « Non, non, on ne parle pas boulot à la maison ! », rit l’ingénieure.
Pour les fêtes de fin d’année, elle va rentrer dans ses Vosges natales. Une visite à sa famille mais sans déconnecter pour autant car Philae, une fois ses batteries solaires rechargées, devrait sortir de son silence en 2015.
Le site d’atterrissage du formidable petit robot sur la comète Tchouri a été baptisé Agilkia, sur proposition du public. 8.000 personnes avaient répondu à la consultation lancée par le CNES. Agilkia est une jolie référence à l’antiquité égyptienne. C’est le nom d’une île située sur le Nil. C’est là que se fut déplacé le fameux temple d’Isis lorsque l’Île de… Philae sur laquelle il était érigé, fut submergée à l’occasion des travaux de construction du barrage d’Hassouan. L’histoire la plus lointaine rejoint parfois la science la plus futuriste.
Marion JACOB
Merci à Daniel F6ACU pour le signalement de l’article.