Friedrischafen et Groupe de travail CEM
Le groupe CEM de l’IARU se réunit tous les ans à l’occasion de l’exposition de Friedrischafen. Cette année a été particulièrement riche en informations et discussions.
Réunion sur la CEM-
Cette réunion réunit tous les ans à Friedrichshafen des spécialistes européens de la CEM. Depuis une bonne dizaine d’années, les problématiques tournent autour de :
les Courants Porteurs en Ligne (CPL ou PLC)
les parasites provoqués par les téléviseurs à plasma ou autres produits
les produits non conformes aux normes et directives
les évolutions réglementaires
les actions des radioamateurs pour infléchir les textes (comme récemment la directive RED qui exclut les matériels en kits ou modifiés par des radioamateurs).
L’action au niveau européen est donc efficace (groupe Eurocom devenu en 2011 PRC — Political Relations Committee).
Directive RED-
La directive Radio Equipment Directive RED 2014/53/EU a été adoptée, elle remplace la directive R&TTE. Elle porte aussi sur les récepteurs et peut conduire à des obligations de performances, par exemple sur les récepteurs de télévision susceptibles d’être perturbés par les émissions de téléphonie mobile. La directive permet une bien meilleure traçabilité des produits mis sur le marché. La date limite de transcription en droit national est le 15 juin 2016.
La raison de l’évolution de la directive : le nouveau cadre de rédaction des directives (nouveau frame work) d’où la nouvelle rédaction. Il existe à présent un fichier d’enregistrement des plaintes pour la
surveillance du marché paneuropéen, à l’adresse www.icsms.com. Obtenir le numéro ICS est très utile pour suivre une plainte.
Directive CEM-
La directive CEM a été approuvée, à vérifier en France la date de transcription dans la réglementation nationale. Il est fait remarquer qu’une phrase est à regarder soigneusement dans sa
traduction : suite à plainte l’administration /peut/ engager des actions ou /doit/ engager des actions ce qui est très différent.
En Autriche l’administration ne traite pas les cas de perturbation, ce qui est illégal, malgré tous les efforts de l’association autrichienne.
Courte discussion sur les signaux désirés et non désirés émis par les CPL :
un signal CPL dans les câbles électriques est un signal désiré
un signal CPL émis par les câbles électriques est un signal non désiré, qui peut entraîner une perturbation sur un récepteur.
Standards CISPR-
Les standards CISPR sont rédigés par le Comité International Spécial des Perturbations Radioélectriques. Plusieurs sont passés en revue.
CISPR 32-
Des amendements sont à venir.
CISPR 35-
Ce standard est accepté en Europe, pas aux USA ou en Chine.
CISPR 11-
Ce standard se rapporte aux installations photovoltaïques. Il comporte des limites d’émission provisoires sur le courant continu. C’est assez complexe, l’installation des câbles a une influence sur les parasites émis.
Certains onduleurs font des parasites et d’autres non. La plupart des onduleurs sont livrés sans transformateur. La protection est meilleure sur les onduleurs avec transformateur intégré. De nouvelles limites sont en cours de définition. Les limites sur le courant alternatif ne sont pas modifiées. Les onduleurs DC-DC ne sont pas couverts, ils le seront par le futur standard CISPR 11.
Les éoliennes génèreraient des interférences sévères dues aux générateurs et à l’électronique de puissance.
CISPR 14-
Ce standard se rapporte aux signaux de contrôle sur les lignes, par exemple la gestion de température.
CISPR 15-
Ce standard porte sur les lampes à très basse tension, dont il existe plusieurs types, notamment :
retrofit LED, prévues pour remplacer les ampoules à incandescence quel que soit le réseau électrique ; les émissions de parasites sont limitées.
restricted retrofit LED qui ne peuvent aller que sur des lampes à câblage court et émettent plus de parasites. Aujourd’hui les lampes sont presque toujours en dessous des limites, il y a 3 ans beaucoup de lampes testées étaient au-dessus. Les constructeurs font attention.
En Autriche des lampes 12 V testées émettent des parasites en VHF et/ou en HF. L’émission est provoquée par le circuit de contrôle de la tension.
En Allemagne on constate beaucoup plus de problèmes de CEM dus aux LED qu’aux CPL.
Norme 50561-1-
Cette norme sur les courants porteurs en ligne a pour particularité de citer nommément les fréquences (notamment les bandes du service amateur) à protéger par des notch’s contre les parasites émis par les modems CPL.
Après de longues mises au point elle a été adoptée au premier semestre 2014, contre l’avis du consultant CEM de la Commission Européenne.
Deux positions sont présentes à l’IARU région 1 depuis plus d’un an.
Pour la norme 50561-1-
La norme est acceptable car (pour la première fois) elle limite par des notch’s les niveaux d’émission de parasites dans les bandes amateur à des valeurs basses.
Le comité PRC pense que la norme est le meilleur compromis que les radioamateurs pouvaient espérer.
Le nombre de plaintes reçues par l’administration allemande pour des parasites émis par des réseaux CPL s’élève à une vingtaine, ce qui ne justifie pas une pétition visant au retrait de la norme par la Commission Européenne ni une action en justice.
Contre la norme 50561-1-
La norme n’est pas acceptable car elle autorise dans le spectre HF (en dehors des bandes protégées) des niveaux d’émission de parasites très élevés, qui par principe ne sont pas tolérables et par intermodulation peuvent perturber la réception dans les bandes amateur.
La norme protège en principe la réception dans les bandes amateur mais en pratique on ne sait pas ce que feront les constructeurs de modems CPL, si les notch’s fonctionneront, et s’ils ne respectent pas la norme la situation sera pire qu’avant.
Avant la norme 50561-1 les réseaux CPL étaient peu utilisables car les niveaux d’émission autorisés étaient trop bas pour les débits nécessaires.
Avec la norme et les niveaux autorisés les réseaux CPL peuvent se développer, par exemple pour le smart metering. Siemens veut s’en servir pour gérer les énergies renouvelables (on imagine le niveau des parasites émis par les câblages situés à l’intérieur des mâts des éoliennes).
La RSGB défend la protection de l’ensemble du spectre et pas seulement les bandes de fréquences radioamateur par notch’s. Elle considère que la norme viole la directive CEM. La RSGB observe que le nombre de plaintes pour CPL augmente au Royaume-Uni, ses spécialistes sont à présent capables de faire des mesures sur le terrain.
Selon les Autrichiens, la Commission Européenne n’avait pas de mandat pour accepter la norme. Une action en justice est envisageable (RSGB et OeVSV), avec la menace d’accusations de corruption de fonctionnaires européens par le lobby des constructeurs de modems CPL. C’est l’objet de la pétition.