Stefan Kudelski, l’inventeur du Nagra, est mort
Les enfants de la radio sont en deuil cette semaine. Stefan Kudelski, l’inventeur du Nagra, est mort. Pour rappel, le Nagra est le premier appareil d’enregistrement autonome et d’excellence. Né en 1949, il se révèle être un don du ciel pour les producteurs de contenu sonore, mais aussi pour les cinéastes, tout particulièrement pour les Truffaut, Godard, Rivette. Qu’aurait été la Nouvelle Vague, sans cette possibilité d’enregistrer du son, n’importe où? Ce sont de tels outils qui ont concouru au parfum d’instantané de ce mouvement cinématographique.
On a tous déjà vu un Nagra. Et pas besoin d’être cinéphile ou producteur radio, pour ça. Vous souvenez-vous de l’appareil enregistreur dans le générique de Mission Impossible? C’en est un. On vous rassure, ceux dont on se sert aujourd’hui, et notamment pour enregistrer du contenu pour L’Atelier numérique, sont autrement pratiques… et petits.
Ah Nagra, mon beau Nagra.
Il a ceci de gentil qu’il sait flatter. A la question, Nagra, mon beau Nagra, dis-moi qui a la plus belle voix, il ne vous répondra jamais, « Certes, bel enfant, votre voix n’est point mal. Mais pour plus bel, je m’incline devant celle de François Sorel.». Bottant par là en touche la tentation de se métamorphoser en marâtre, et de tendre un rouge micro poivré à François pour le faire éternuer. Le Nagra, c’est ce miroir sonore, qui embellit, sublime même, la voix. Péché – je reconnais m’extasier régulièrement de l’éclat donné par l’appareil à ma voix. Son optimisme est recelé dans son nom, même. En polonais, Nagra signifie «Il enregistrera». Non pas «Il enregistre», «Il a enregistré», comme le baptiserait probablement un Français, mais «Il enregistrera».